"Quel pourcentage de notre humanité dépend du destin ? La brebis clonée d’Ian Wilmut adorait recevoir la presse et se faire prendre en photo. […] Aucune autre brebis galloise ne s’est montrée aussi docile avec les humains. toute la question : la docilité. Aussi bien celle des peuples qui acceptent une modélisation des possibles qui en somme ne fonctionne que sur une exploitation réciproque les uns des autres. Témoin le travailleur pauvre qui réclame des prix bas ; ces prix qui justifient qu’on le paie mal… La docilité ; c’est celle de l’animal lui aussi modélisé : Un modèle animal est un animal modifié ou présentant une caractéristique spontanée, intégrée dans un système expérimental en vue d’étudier des processus pathogéniques et/ou des actions thérapeutiques qui seront utiles pour comprendre et soigner des pathologies humaines[4]. Et tout se joue au niveau génésique de la vie. L’enjeu du bien-être — humain — est en réalité articulé autour d’un noyau inertiel destructeur, un trou noir au milieu du système, dont la valeur du sens, comme en narrativité, n’est déclarée qu’en même temps que sa performative. En clair, c’est seulement après avoir « répliqué » tout à fait, qu’on est en mesure d’apprécier la réussite (bien-être/ justesse) de sa propre énonciation, biologique comme verbale. D’où l’étroite relation, cela dit en toute hypothèse qu’on pourra pourquoi pas développer plus tard, entre sémantique et physique, biologie et mathématiques, champ scalaire et flux socio-historiques. De la sorte, telle la muette évidence (Némésis hypostasiée) qu’on continuera de traquer ailleurs, c’est cette corrélation entre le pseudo non-langage animal (son « silence ») et le fait qu’il se laisse mener docilement à la scie qu’utilisent les équarrisseurs des abattoirs quand ils ont des os à sectionner[5] qu’il faut œuvrer à démonter, voire plutôt à remonter. Soit : à monter autrement. Parce que rétrospectivement un modèle peut être vu comme une copie de copie […] d’une erreur de copie, il sera toujours temps mais chaque fois plus urgent de revoir sa copie. Tout comme « l’unité fondamentale, le premier moteur de la vie, c’est le réplicateur. Un réplicateur est tout ce dont on fait des copies dans l’univers. » comme le dit Richard Dawkins avec un petit air d’éternel retour dans la leçon (p.353 in Le Gène égoïste), mais nous avons l’opportunité d’opérer une mutation à bon escient. On en revient à cette idée déjà évoquée du véganisme, de l’éthique antispécisme comme posthumanisme. Le processus historique consistant à changer de paradigme civilisationnel propre à reconsidérer le vivant s’avérera, à l’intérieur d’une anthropogénèse en cours (le devenir), être une transgénèse[6] culturelle. Dans l’expectative où l’hypothèse susmentionnée ne se vérifierait pas, il y a mille autres raisons pour changer.
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Nous conseillons très vivement la lecture de ce roman argentin paru là-bas en 2010 et publié en France il y a quelques mois, dans une belle traduction de l’espagnol par Lori Saint-Martin."
Les veganautes!
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